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Théorie des 5 drapeaux: danger. Diminuer les impôts de son entreprise en ligne : lettre ouverte aux entrepreneurs en ligne qui trichent ou qui envisagent de le faire

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On le voit très souvent, pas vrai ?

Un blogueur ou un Youtubeur qui a du succès, et qui cherche à diminuer ses impôts.

D’ailleurs, pas mal de webmarketeurs ont au catalogue une formation pour échapper aux taxes, et à l’Etat qui nous vole.

Et comme nous vivons dans le pays champion du monde de la fiscalité, c’est diablement tentant. Garder tous ses gains, et ne rien reverser au fisc.

Wahou, le pactole.

Un des modèles dont on entend parler ? La théorie des cinq drapeaux. La martingale des créateurs de contenus. La formule miracle pour tout garder.

Je vous explique le principe.

La théorie des cinq drapeaux expliquée en moins de 20 lignes

Vous allez mettre en place un système de vie basé sur 5 drapeaux (pays).

Le drapeau n°1 : c’est celui de votre passeport. Votre nationalité.

Le drapeau n°2 : c’est celui de votre résidence physique.

Le drapeau n°3 : c’est celui de l’immatriculation de votre entreprise.

Le drapeau n°4 : c’est celui où vous mettez votre argent. La domiciliation de vos comptes.

Le drapeau n°5 : c’est celui de votre terrain de jeu.

Beaucoup de blogueurs ont franchi le pas.

Observez bien les emailings. Il y a l’adresse de leur société en bas de chacun d’entre eux. Vous verrez tel blogueur dont l’entreprise est enregistrée à Hong-Kong, et qui vit au Vietnam.

Ou un autre dont la boite est aux USA, au Delaware, mais qui se garde bien de poser un pied aux Etats-Unis.

Ou un autre, résident Thaïlandais avec un Visa élite payant, qui interdit pourtant d’y travailler, mais qui le fait quand même.

Ou un autre, résident fiscal à l’ile Maurice. Ou un autre, dont l’immatriculation de société change tous les 6 mois.

L’idée : faire échapper aux impôts toute somme gagnée.

Alors.

Légal, ou pas ?

Durable ou pas ?

Je ne suis pas fiscaliste. Mais voici pourquoi, à mon avis, tous ceux qui ont joué à ce jeu vont s’en mordre les doigts.

Raison n°1 : les spécialistes que j’ai consultés à ce sujet me l’ont tous fortement déconseillé

A chaque fois que j’ai évoqué avec un expert-comptable ou un avocat le fait de déménager mon entreprise dans un premier pays, mon compte dans un autre, ma résidence ailleurs, il m’a averti sur le caractère très risqué de la chose.

Oui, échapper à la TVA, c’est bel et bien de la fraude. Il faut bien le dire. Ouvrez les pages jaunes, allez voir l'avocat fiscaliste le plus proche de chez vous avant de vous lancer.

Attention, la justice ne rigole pas. On parle de prison ferme.

Raison n°2 : la réglementation européenne va changer

C’est le tir en rafale, garanti.

Figurez-vous qu’en 2021, les plates-formes e-commerce seront tenues de déclarer la TVA pour les vendeurs tiers.

Vous faites du drop shipping depuis l’Asie sans déclarer de TVA ? Dommage, les sites e-commerce devront le faire pour vous. Vous serez découvert.

Voici une interview du patron de CDiscount. Mettez là à 1 min 40.

En clair, les dropshippers sont dans le viseur. Ca y est, Cdiscount communique déjà les coordonnées des vendeurs au fisc. Et en 2021, ils collecteront la TVA eux-même.

La prochaine étape : Stripe, Paypal, et autres outils de paiement seront très probablement de la partie. Ils devront très certainement déclarer les ventes que vous faites en France. Voire collecter la TVA, comme Cdiscount va le faire.

Là aussi, fini de passer sous les radars, même pour de la vente de formation. PayPal ne va jamais se compromettre en Europe pour protéger un petit blogueur qui « oublie » de déclarer son activité.

Que dira le ministère des Finances s’il voit des centaines de milliers d’euros de ventes, et aucune déclaration en face ? Ils auront vite fait de comprendre la combine.

Pour aller plus loin, voici un peu de documentation sur le sujet. C’est un document écrit par « Accountency Europe », un organisme qui regroupe les entreprises comptables européennes. C’est en anglais, c’est ennuyeux à mourir, mais cela montre que quelques-uns vont le sentir passer. Lisez-le.

En résumé : pour le e-commerce et les ventes de produits dématérialisés, la volonté des Etats est de faire porter les déclarations sur les plateformes.

Si demain, Stripe ou Paypal estiment que vous ne déclarez pas correctement, et refusent d’assurer vos ventes en ligne, vous faites quoi ?

Vous fermez boutique, direct.

Et ensuite, si Paypal communique l'info à la DGFiP? Vous risquez de passer un très mauvais moment.

Raison n°3 : cacher un achat en ligne, c’est impossible

Voici pourquoi je ne comprends pas les entrepreneurs en ligne qui trichent.

Qu’est-ce qui est le plus dur à prouver, en cas de contrôle fiscal ?

  • Un plombier qui facture 25% au black ?
  • Ou blogueur bien connu qui fait 95% de ses ventes en France et ne déclare rien ?

C’est plus dur de prouver la fraude du plombier. Parce que c’est en cash, et c’est dur à pister.

Pour les entrepreneurs en ligne, tout est enregistré. Chaque euro perçu est tracé dans les serveurs de votre prestataire de paiement. Tout est à portée de clic.

Se cacher est impossible quand on fait de la vente en ligne. On sait combien vous avez vendu, à qui, quand, et via quelle entreprise.

Raison n°4 : vivre avec la pression judiciaire, ce n’est pas une vie

Gamin, vous avez surement déjà fait une bêtise que vous avez tenté de cacher à vos parents. Ce n’est pas agréable. On vit avec la peur de se faire choper.

Bon avec les parents, une bonne engueulade, et c’était terminé.

Là, vous pouvez multiplier l’angoisse par 1000.

Imaginez…

Vivre avec la peur constante de se faire arrêter. Qu’une simple correspondance à l’aéroport finisse en interrogatoire chez Tracfin. Qu’un jour vous commenciez à recevoir des courriers de la direction Générale des Finances publiques…

… Et qu’on vous demande des sommes que vous ne pouvez pas payer, parce que vous avez tout claqué.

Vous savez que vous avez largement triché…et qu’un jour, vous risquez de tomber.

Je préfère vivre peinard. Je paye mon dû.

Comme tout le monde, je trouve que c’est trop, je râle sur le poids de l’Etat en France…. Mais 10 minutes après, je n’y pense plus.

Et je ne vis pas avec la sourde angoisse de devoir payer des amendes énormes, ou de finir au trou.

Raison n°5 : ils disent qu’on vous prend 70% en France, ce n’est pas vrai

Mon blog marche fort. Très fort.

Oui, je paye de la TVA, de l’impôt sur la société, des charges, et de l’impôt sur le revenu. Mais je vis très bien.

Au final, ce n’est pas 70% qui partent à l’Etat.

C’est bien plus nuancé que cela.

Tout d’abord, la TVA, on ne peut pas y échapper.

Si vous ne la payez pas, vous fraudez. Basta. Même si vous êtes en Roumanie ou en Estonie.

Ensuite, pour simplifier, son montant n’est pas sur le chiffre d’affaires, mais sur le chiffre d’affaires moins les achats.

Pour bloguer, je paye un hébergeur. Un autorépondeur. Des prestataires. Un comptable. Une salariée. Mon système de gestion de ventes…ceci entraine des dépenses, chaque mois…

Et diminue mon montant de TVA.

(D’ailleurs, plus vous payez de TVA, mieux c’est finalement : c’est une taxe sur la valeur ajoutée. Si vous payez une grosse TVA, c’est que votre business est très rentable…bon pour vous, bravo !).

Ensuite, les charges.

Oui, elles sont lourdes en France.

Mais en fait, c’est de la rémunération différée.

C’est de l’argent que vous toucherez quand vous serez malade. Ou retraité.

Je sais, les retraites en France, c’est un sujet permanent.

On a l’impression de ne jamais régler ce problème. Parce qu’en réalité, il est réglé progressivement, tous les 10 ans. Au lieu de faire une grande réforme, on avance difficilement, jusqu’à la réforme suivante. Tellement français.

Mais…

C’est combien, la retraite à Malte ? Au Vietnam ? En Estonie ? En Roumanie ?

Ah bon, c’est très peu, encore moins qu'ici...

C’est bien ce qu’il me semblait.

Vous pourriez me rétorquer que vous préférez investir dans vos propres solutions retraite et de protection sociale, via des contrats privés, oude l'immobilier.

Je vous dirais alors : pas de problème…

Mais dans ce cas, combien devez-vous investir ? Comment êtes-vous couvert ? Cette solution est-elle pérenne ? Ne pourriez vous pas acheter des appartements en France?

Est-ce donc si avantageux, au final ?

Et si la bourse se pète la gueule quand vous avez 59 ans…et que vous n’avez plus le temps de vous refaire la cerise ?

Pour info, en 2019, le CAC 40 a finalement retrouvé le niveau de points d’avant la crise de 2008…Cela a pris 11 ans…

Et si demain vous vous faites choper, que vous devez payer des amendes, les sommes dues, et les pénalités de retard…

…Aurez-vous encore assez d’argent pour financer votre contrat retraite ou santé ?

Raison n°6 : si on creuse, il existe de nombreux moyens légaux de baisser ses impôts en France

Nous sommes dans le pays des impôts… et des exceptions à l’impôt.

Il existe des quantités de solutions qui font qu’en France, l’imposition globale est à peu près la même que dans les autres pays comparables.

Contrat prévoyance Madelin. Avantage fiscal.

Contrat de mutuelle Madelin. Avantage fiscal.

Tickets Cesu, vacances, culture, qui permettent de faire financer par l’entreprise une belle partie des dépenses perso (faites le calcul, ça peut chiffrer très fort).

Investissements immobiliers défiscalisés en tout genre. Avantage fiscal.

Investissement dans les PME. Avantage fiscal.

Solution d’épargne entreprise, et de contrat retraite complémentaires. Avantage fiscal. Abondement de l’entreprise.

Possibilité de créer une holding et une société d’investissement immobilier pour financer des achats d'appartements

Et j’en oublie…

On peut déplorer que cela génère une jungle administrative, mais finalement, il existe un incroyable panel de solutions pour faire baisser les impôts de sa société et ses impôts personnels…

Il faut juste se renseigner.

On paye lourd, certes, mais…

Raison n°7 : on en a quand même pour son argent

Même si on toutes les raisons de se plaindre de l’hôpital public, de la sécu, de l’éducation nationale, (en tant que parent d’handicapé, je connais), des retraites, de la protection chômage, du minimum vieillesse, des aides au logement, des allocations familiales, de la CMU, des bourses étudiantes, des ALD prises à 100%, et du reste…

Faut quand même pas déconner.

Comparez avec ce qui se pratique ailleurs, on a un Etat qui protège beaucoup, on a des infrastructures. Un cadre de vie. De nombreux étrangers rêvent d’avoir autant d’aides que nous.

A 25 ans, en étant célibataire, on n'y pense peut-être pas.

Je comprends.

En avançant en âge, avec des enfants, l’équation n’est pas la même. Combien coute une bonne école dans votre paradis fiscal ? Combien coutent des études supérieures de qualité? Combien coute la santé étudiante ?

Là encore, un calcul global permet d’équilibrer les points de vue.

Raison n°8 : comment se gèrent les litiges dans un paradis fiscal

Imaginez. Vous êtes ravi. Clandestinité fiscale totale. Vous êtes sous les radars, personne ne sait que vous existez. Vous gardez tout.

Mais, un jour, vous avez un litige professionnel quelconque.

C’est quoi, l’indépendance de la justice au Vietnam ? Comment s’assure-t-on que la justice roumaine ne va pas se déchainer contre vous ? Qu’il n’y a pas eu un pot de vin ? Et si demain une loi américaine impose à l’Arabie Saoudite de déclarer les comptes bancaires suspects ?

Raison n°9 : vous êtes exposé au risque de change

Les monnaies, ça fluctue. On ne se rend plus compte de ça, avec l’Euro.

Et plus votre argent est stocké dans un pays risqué, plus le risque de fluctuation est grand.

Le bath Thaïlandais, ce n’est pas le dollar. Ce sont des monnaies qui ont connu des fluctuations énormes.

Si demain les cours montent ou baissent, vous pouvez gagner gros… Ou perdre un maximum. Et alors, comment payer le loyer de votre villa de rêve à l’ile Maurice?

Raison n°10 : le fisc surveille les réseaux sociaux

Vous avez 100 000 abonnés YouTube ? De nombreux fans sur Instagram ?

Génial ! C’est bon pour vos ventes.

Ah oui, mais maintenant que  que le fisc surveille les réseaux sociaux pour débusquer les fraudeurs…

..A votre avis, sur vos 100 000 fans, combien travaillent au ministère des Finances ? Zéro, un, deux…Trois ?

C’est tellement facile de se faire repérer. Je pense que dès que le fisc aura fait tomber un ou deux gars qui friment en Ferrari sur Instagram, ils enchaîneront les autres. Comme des dominos.

Raison n°11: cela donne de mauvaises habitudes business

Les blogueurs qui font du 5 drapeaux, ou qui se planquent du fisc, nagent littéralement dans le blé.

Parce que ce n’est pas le petit blogueur / Youtubeur qui met cela en place.

C’est déjà celui qui fait de belles ventes. Il ferme alors sa boite en France, pour recréer la même à Malte, à Hong Kong, à Dubai, ou en Estonie (ce qui est déjà fiscalement parlant très limite…)

Bref. L’argent coule à flots. Et cet argent pose problème. Car il est fiscalement sale. On ne peut donc pas l’investir…

…Car on ne peut pas justifier de sa provenance.

Conséquence directe : vous allez claquer bêtement (d’où les montres en or et les Ferrari sur Instagram).

Problème : ce n’est pas de la bonne gestion d’entreprise. Ces dépenses somptuaires pèsent... A tel point qu’en cas de normalisation fiscale, vous pourriez être non rentable.

Raison n°12 : il faut mettre en place du blanchiment

Que fait un narco colombien qui ne sait pas quoi faire de ses mallettes de billets ?

Il achète de l’immobilier via des prête-noms. C’est Escobar qui a financé l’explosion urbaine de Miami dans les années 70/80.

Que fait un blogueur fraudeur qui ne peut rien faire de son argent ? Il fait pareil. Il achète de l’immo dans des pays douteux, avec des stratégies suspectes.

Et c’est encore pire…écoutez :

Puisque tout ceci est limite, les avocats qui vous font les montages vous prennent des frais et des commissions délirantes. Mais vous allez vous plaindre à qui ?

Là encore, jusqu’au contrôle fiscal final. Ce qui arrivera forcément un jour, puisque ce métier empêche l’anonymat.

Raison n° 13 : retour impossible

Ouf. Nous sommes en 2040. Vous avez réussi à passer sous les radars tout ce temps. A vous la belle retraite. Vous aimeriez bien revenir en France sauf que…

Vous ne pouvez pas.

Les impôts vous attendent à Roissy avec le fusil à pompe fiscal.

Et vous ne pouvez pas rapatrier autant d’argent. Il faudrait en justifier la provenance auprès du banquier. Impossible. C’est de l’argent fraudé. Les banques ont l'obligation de déclarer à Tracfin les flux suspects.

Vous revenez en France avec 1 500 000 euros depuis les Iles Vierges Britanniques? Vous allez très vite recevoir la visite des enquêteurs.

Vous qui cherchiez la liberté absolue dans le business en ligne, vous avez créé votre propre bannissement.

Ironique, non ?

Raison n°14 : je suis à l’étranger, je ne risque rien

Vous êtes serein. Vous pensez qu’en étant au fin fond de l’Asie, le fisc Français ne pourra pas retrouver votre trace.

Peut-être.

Mais c’est ce que se disaient tous les contribuables qui avaient planqué de l’argent en Suisse. Secret bancaire absolu. Pas de problème. Pas vu, pas pris.

Jusqu’au jour où les Etats concernés ont dit stop, et ont mis un gros coup de pression à la Suisse. Qui a mis fin au secret bancaire. 40 000 dossiers transmis au fisc Français.

Boom.

Si la Suisse a lâché l’affaire, pensez-vous que Malte, le Vietnam, ou l’ile Maurice résisteront ? Et ne vous leurrez pas. Toute votre activité est stockée dans les serveurs de Paypal et de Stripe. Constater la fraude ne prend pas 30 minutes.

Autre problème: votre business vend à 90% à des Français résidents en France, il est en langue française... Donc le fisc peut considérer que le vrai lieu d'exercice de votre entreprise est la France, même si vous habitez le Vietnam, la Thaïlande, la Roumanie, ou Malte.

Et alors, vous risquez de vous faire redresser sur la totalité, avec rétroactivité. Sommes dues, pénalités de retard, amendes, prison avec sursis ou ferme, interdiction de créer une entreprise... Cela peut tourner au cauchemar, puisque la volonté de dissimulation était parfaitement délibérée.

Raison 15 : la revente est compromise

Imaginez. Vous bloguez depuis 20 ans. Vous avez une liste énorme. Un catalogue produit. Vous faites de sacrées ventes.

Et vous voulez vous retirer en beauté. Revendre votre blog à un groupe média ou internet (Ramsay Taplin a revendu Blog Tyrant au propriétaire d’Optin Monster, par exemple).

Vous pourriez encaisser un chèque du genre Loto. Des millions.

Dommage. Vous ne pourrez pas.

Quand votre acheteur verra que vos flux financiers reposent sur de la fraude à la TVA, des montages limites qui visent à tromper les impôts… il estimera que votre blog ne vaut… rien.

Raison 16 : vous ne pourrez plus faire des choses pourtant faciles

A partir du moment où vous êtes dans un système où vous vous cachez du fisc, tout est compliqué.

Imaginez. Vous résidez à l’étranger. Vous planquez tout. Vous avez envie d’organiser un séminaire à Paris. C’est bien les séminaires, ça rapporte.

Vous ne pourrez pas le faire. Car cela signifierait encaisser une somme en France, sur une activité en France, alors que vous êtes physiquement en France.

Vous prenez le risque d’avoir une trace comptable, identifiable par le fisc. De mettre la puce à l’oreille.

Libre, vous avez dit libre ?

Pourtant, on peut vivre à l’étranger

Soyons clairs.

Vous avez le droit de vivre à Malte, ou en Estonie.

C’est l’Union européenne. Pas de visa. Vous avez le droit d’y résider, et d’y créer une entreprise. Les impôts y sont moins lourds qu’en France. C’est vrai.

A vous de voir si vous y serez bien. Malte, c’est morne. Cela a une réputation limite. L’Estonie, c’est froid, les hivers sont longs et sombres. Il faut bien parler anglais, sinon, vous serez vite bouffé de solitude.

Dans tous les cas, vous devrez tout de même payer la TVA. L’impôt sur les bénéfices, et sur les revenus. La différence ne sera pas si énorme, si vous restez dans la légalité.

Vous pouvez aussi vivre en dehors de l’UE, si le pays est ok pour vous accueillir. (Et attention : les visas payants Thaïlandais vous interdisent formellement d’y travailler).

Je ne juge pas les gens qui veulent vivre à l’étranger, découvrir d’autres cultures. J’ai commencé ma carrière dans l’automobile en travaillant 6 mois à Tunis, et j’ai adoré.

Je ne dis pas que je ne partirai jamais à l’étranger. Il ne faut jamais dire jamais. Mais si je devais le faire, mon activité serait alors conforme aux règles fiscales.

Ce que vous ne devez pas faire, c’est frauder.

En matière fiscale, il y a ce qui est légal, et ce qui ne l’est pas. Et trop d’entrepreneurs franchissent une ligne rouge…et ne peuvent plus revenir en arrière.

Regardez.

En France, les professions libérales vivent bien.

Avocat à succès, médecin, entrepreneur, architecte, blogueur… Nous sommes dans un pays où il y a environ 2 millions de millionnaires. C’est plus qu’au Royaume-Uni.

Les entrepreneurs réussissent en France, c’est un fait.

Ne cédez pas à une vision court terme, cupide. Ne prenez pas des décisions irréversibles qui vous engagent sur le reste de votre vie. Une fois que l'on met le doigt dans cet engrenage, il n'y a pas de retour. L'argent est marqué "sale", et votre vie change pour toujours.

Un jour, vous serez vieux. Un jour, vous aurez un pépin de santé. Un jour, vous aurez des enfants.

Un jour, vous recevrez des courriers des impôts.

Et là, vous basculerez dans la peur de tout perdre.

Oui, l’administratif Français est lourd. Mais pour avoir bossé à l’étranger, c’est le cas de nombreux pays. Et au moins, notre administration fonctionne assez bien.

J’ai vu ce qu’Antoine Blanchemaison (que j’apprécie par ailleurs, et qui a le mérite de ne pas avoir succombé aux sirènes de l'evasion fiscale) a publié récemment sur le fait de partir de la France.

Pour lui, c’est une simple équation économique.

Un calcul coût / opportunité. La France, c’est cher d’y vivre, mais c’est bien. Malte, ce n’est pas cher, mais c’est pas terrible. Sortez votre calculette, et allez au plus intéressant.

Je ne suis pas tout à fait d’accord avec lui. Voici pourquoi.

Il parle des créateurs de contenus qui veulent déménager leur activité... mais Antoine semble oublier que parmi eux se trouvent un nombre hallucinant de fraudeurs en puissance.

Car...

Ces entrepreneurs exilés ne se contentent pas juste de partir et d'exercer légalement dans un autre pays, moins imposé....

Là, il n'y aurait rien à dire.

Non... Beaucoup partent, et mettent en place des processus d’évasions et de dissimulation très limites, voire 100% illégaux.

Compte bancaire pro en Arabie Saoudite, en Andorre... On dans une banque peu sourcilleuse...Résidence fiscale Serbe, aux Iles Anglo-Normandes...Compte perso en Géorgie, ou à Dubaï (pourquoi on voit tant de vidéos de blogueurs à Dubaï, ces derniers temps, à votre avis)...Boite au Delaware, à Hong Kong, aux Iles Vierges Britanniques. Résidence réelle au Vietnam, à Maurice, en Estonie... Et j'en passe.

Il faut l'admettre: tout est là pour brouiller, dissimuler, cacher.

Et c'est très risqué. On voit vraiment des montages "acrobatiques", avec sociétés écrans, sub-merchants pour "effacer la TVA de la compta" et tout le toutim.

Tout ceci ne tient pas longtemps devant un tribunal.

La morale et l’éthique rentrent en jeu

Ce n'est pas qu'une question d'argent.

Nous sommes allé à l’école, au collège, au lycée (cout d’une année scolaire pour l’Etat : 8400 euros). Nous nous sommes fait soigner. Nos parents ont peut-être été un temps au chômage, ou étaient fonctionnaires.

Votre capital social, votre intelligence, qui vous permet d’être entrepreneur, doit beaucoup aux dépenses de l’Etat.

Même si les entrepreneurs adorent le mythe du « self made man », cela ne tient pas. La collectivité a largement participé à leur succès.

La fraude fiscale, c’est un vol que vous et moi subissons, effectué par une personne déjà financièrement à l'aise, et qui retire aux autres le droit de se soigner, de s’éduquer, de profiter d’infrastructures, comme lui a pu le faire.

Autre problème: le manque de discrétion: Car si vous suivez un peu ces personnes, elles parlent régulièrement et avec fierté de leur "impôt zéro". Tout est déjà en ligne, dans les emails, dans les vidéos, les articles, les formations, dans les interviews. Ce ne doit pas être très dur de tirer le fil et de remonter la piste de l'argent, prudence.

L’opinion publique ne supporte plus l’optimisation fiscale des GAFA. Les Etats bougent. Ils ont besoin d'argent, ils ne vont pas lâcher.

Je suis convaincu que de nombreux blogueurs qui ont trop joué avec le feu auront de très sérieux problèmes.

C’est le sens des nouvelles réglementations. Les plate-formes de paiement devront un jour déclarer les flux. Un an, deux ans, 5 ans, je ne sais pas, mais cela viendra. Il faudra assumer les décisions prises, et peut-être que beaucoup aimeraient alors revenir en arrière, et faire différemment.

Alors si vous voyez des articles, ou des formations webmarketing pour échapper aux impôts, faites juste une chose.

Prenez un rendez-vous avec un avocat fiscaliste. Demandez-lui de valider ces stratégies. Ne faites pas cette économie. C’est un rendez-vous à 400 euros, mais qui vous évitera des erreurs bien plus chères.

Réfléchissez aussi à cette vie.

Plutôt solitaire. Dans les hôtels. A vivre dans la clandestinité fiscale. Dans le déménagement permanent. Avec la peur de se faire choper. A être juste tranquille le temps que la combine tienne, avant de devoir en trouver une autre…

C’est moins sexy que ce qu’ils veulent vous faire croire.

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