Nos cerveaux d’humains sont ce qu’ils sont. Ils n’arrivent pas à rester concentrés bien longtemps.
Alors pour que cet article puisse vraiment vous aider, j’ai décidé de vous le raconter sous forme d’une histoire. Parce que les contes nous marquent, alors que les longues leçons nous ennuient.
Ainsi…
Il était une fois Armand et Valérie.
Ils sont trentenaires. Ils s’aiment et vivent ensemble à Poissy, dans un charmant F3 qu’ils louent non loin du port de plaisance.
Armand est un nerveux, alors que Val a un don pour apaiser les gens.
Il aime son optimisme, son élégance naturelle, et son talent à toujours voir le bon côté des choses. Quand elle lui parle de leur futur, il ne voit qu’un immense champ de possibilités, et cela lui donne envie de croquer le monde.
Dire que Val fond pour son homme est un faible mot. Elle aime quand il rentre épuisé de ses matchs de basket, que le sommeil le brûle, tout contre elle. Elle aime son gout du travail bien fait, de l’effort, sa précision. Il ne s’écoute pas quand il est fatigué ou malade, il est présent. Toujours.
« Les mecs fiables, y en a plus. Tu as de la chance, avec lui », lui disent ses copines.
Elle se dit qu’elle se verrait bien fonder une famille avec lui, et personne d’autre. Et je crois bien qu’Armand se verrait bien pouponner… Il faudra qu’il aborde le sujet un de ces jours.
Voilà pour la romance.
Mais nous ne sommes pas dans un conte de fées, mais un conte marketing. Il faut donc que le quotidien vienne rattraper notre joli petit couple
Armand, en ce moment, a de grands projets.
Pensez donc. Il vient d’avoir son entretien annuel avec son manager. (Armand dit chef, boss, ou responsable. Mais son patron, lui, dit manager, avec l’air du mec content de lui).
Et l’avenir lui sourit. Son employeur va le faire évoluer. L’entreprise de fabrication de matériel chirurgical qui l’emploie va le faire passer chef d’équipe.
550 euros de salaire en plus chaque mois. 14 personnes à encadrer. Plus de variable. Enfin, s’il accepte de quitter la ligne de fabrication des seringues pour celle des drains, sous la direction de Bernard Gridelle, un nouveau venu dans l’usine.
Ce poste, Armand en crève d’envie. En revanche, le Gridelle, il en a déjà entendu parler à la machine à café, apparemment il n’est pas facile.
Il a méchamment envoyé balader Mireille de la compta. Elle avait fait une erreur sur sa paye. Mireille, elle se goure souvent sur les payes. A deux ans de la retraite, il faut dire qu’elle ne s’implique plus comme avant. Mais les gens l’aiment bien. Mireille, avec ses 30 ans de boutique, elle vous dépatouille les problèmes comme personne. Bon : elle picole un peu, et en plus son chat avait disparu la semaine d’avant. Elle n’était pas bien quand elle a édité les bulletins. D’où l’erreur.
Mais voilà.
Ridelle lui aurait craché « Mireille, on ne va pas se mettre la rate au court-bouillon pour un chat, alors faites votre travail ! ». Mireille n’a pas digéré qu’il s’en prenne à Julio, son gros chartreux disparu. Elle l’a raconté à toute la boite.
Mais Armand connait son métier. Il ne va pas sacrifier son évolution de carrière pour un patron qui démarre au quart de tour. Il est prêt à arracher la moquette, qu’on le passe chef d’équipe, et vous allez voir.
Il obtient le poste. Lui et Valérie sont aux anges.
Ils pensent à acheter un appartement… Avec deux chambres d’enfant.
Valérie, elle, stagne depuis trop longtemps. Voilà 12 ans qu’elle est conseillère bancaire. Le métier a changé. Elle trouve, justement, qu’elle ne conseille plus trop ses clients. Mais qu’on lui met la pression pour fourguer des produits financiers dont les gens n’ont pas besoin.
Et puis, l’ambiance n’est plus la même. Les banques en ligne mettent tout le monde en panique au siège de la Défense, là où travaillent les traders qui gagnent 600 000 euros… les mauvaises années.
Maintenant, la banque de détail, c’est pression, indicateurs de performance, flicage informatique, fermetures d’agences et réductions de postes.
Alors quand son chéri lui a annoncé sa belle promotion, elle lui a parlé de son grand projet.
Acheter un plus grand appartement… Avoir des enfants. Et après son congé parental, se mettre à son compte en tant qu’assistante maternelle. Il y a tant de demandes sur Poissy. Et elle aime tant les enfants.
Parce que les salopards font des saloperies : la malédiction Bernard Gridelle
Voilà deux ans qu’Armand est passé chef d’équipe. Et qu’il a Gridelle sur le dos, 10 heures par jour. Les nouvelles machines de production achetées par ce génie sont un enfer à régler. Par conséquent, les cadences de production théoriques ne sont jamais atteintes.
Pire : comme les machines étaient censées être plus performantes, la direction a réduit le nombre d’intérimaires.
Armand doit demander plus à son équipe. Forcément, l’ambiance se tend.
Gridelle commence à se demander si Armand était le bon choix. « Poussez votre équipe, c’est votre rôle. Sanctionnez ceux qui ne tiennent pas la cadence. C’est votre responsabilité de faire marcher ces belles machines ».
Armand ne demande que ça, de les faire tourner, ces saloperies. Mais quand il a demandé une formation appropriée chez le fournisseur allemand, Gridelle lui a claqué : « Pas de budget. Pour vous former, il y a Google ».
Armand dort mal. Alors ses journées sont encore plus dures. Il glisse. Il va craquer, il le sent. Mais il faut payer le nouvel appartement. Et leurs jumeaux sont nés. Et Val qui vient juste de se mettre à son compte comme assistante maternelle.
En futur bon père de famille, il doit assurer. Il s’accroche comme il peut.
Jusqu’à ce jour fatidique, où Gridelle le convoque, et lui annonce qu’il est licencié pour incompétence. Putains de machines.
Évidemment, Armand va aux prud’hommes. Évidemment, il gagne. Comment, licencier pour incompétence un salarié tout juste promu, et qui demande une formation pour bien faire son job, vous n’y pensez pas.
Il touche 19 000 euros d’indemnité. Un peu d’air, mais pas de quoi tenir très longtemps. Et surtout, l’écœurement, toujours au fond de la gorge, rance et piquant.
Un soir, il se confie à Valérie.
– J’ai toujours essayé de bien faire le job. Mais là, ils m’ont détruit, tu comprends. Plus jamais. Plus jamais, je ne veux que ma vie dépende d’un chefaillon. Tu as vu le pouvoir qu’ils ont sur nous ? Il suffit de tomber sur un branque, et tu ne dors plus, tu doutes de tes compétences, tu es dégagé comme un malpropre ! Tu crois qu’il sait les régler, ses machines, cet enfoiré de Gridelle ?
– Je comprends, répond-elle. C’est pareil pour moi. Je ne voulais plus que les actionnaires de la banque me disent comment faire mon travail. J’ai créé mon job d’assistante maternelle. Tu ne veux plus dépendre d’un boss qui exige tout de toi, sans jamais te donner les moyens. Créé ta boite. Qu’ils aillent tous se faire voir. A nous deux, rien d’impossible.
Pour la première fois depuis longtemps, Armand s’endort paisiblement, avec le sentiment décidé de reprendre son existence en main.
L’idée de génie
– OK ma puce, mais on se lance dans quoi, demande Armand devant son café. On n’a pas des tonnes d’argent de côté. Je ne me vois pas trop aller voir un banquier et reprendre un crédit, on vient d’en prendre pour 25 ans avec l’appart. Tu viens de te mettre à ton compte, personne ne va nous financer un projet d’entreprise. Et une entreprise demande de l’argent pour se lancer. Beaucoup d’argent.
Valérie sourit, mystérieuse :
– J’ai ma petite idée, et je voulais t’en parler. Tu sais ces blogs que je lis ? Je sais que ça te fait marrer. Mais imagine. On monte un site. On balance des articles pour se faire connaitre, et avoir des lecteurs. On crée un cours en ligne. On le vend. On bosse de la maison. On décide de tout, enfin.
– N’importe quoi. Tout est disponible en gratuit sur internet. Personne ne va acheter ce genre de trucs, doute Armand.
– Attends, regarde.
Et là, Val lui montre. Des blogs sur la natation. Sur le tir sportif, sur l’investissement immobilier. Sur le développement personnel. Des mecs qui vendent des cours de guitare jazz. D’autres des fiches de révision pour obtenir son BTS d’esthétique. Certains font cela à plein temps, depuis plus de 10 ans.
Avec un blog, une chaine YouTube, un podcast. Avec ou sans pub. Avec ou sans réseau social.
Des centaines, des milliers de possibilités.
Armand sent le potentiel du truc, immédiatement. Un cours en ligne se reproduit à l’infini, sans coût. Ce n’est pas comme les machines de Gridelle, qui ne marchaient jamais comme il faut, et qui coutaient une fortune.
Là, potentiellement, plus le trafic grossit, plus les gains sont énormes. Armand fait quelques multiplications. Et si je vendais 4 formations à 200 euros, chaque jour…
Oh putain, 24 000 euros de vente, chaque mois… Et même si je vois deux fois trop grand, cela fait encore plus de 10 000 euros de chiffre d’affaires mensuel ! Même avec la fiscalité, c’est bien plus que ce qu’on gagnait, à deux !
Armand et Valérie s’enthousiasment pour un nouveau monde. Référencement, WordPress, copywriting, plugin, page de vente et autorépondeurs deviennent leurs nouveaux mantras.
Ils découvrent des infopreneurs qui les inspirent. D’autres qui les dégoutent.
Mais en tout cas, c’est décidé. Ils veulent y aller. L’infoprenariat est un business modèle de génie, et ils veulent leur part.
Ils vont vendre des formations en ligne. Ils vont changer leur vie. Ils ne seront plus salariés. Ce qui anime leurs discussions maintenant, c’est…
…OK, mais qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
– Val, OK, je veux bien tout ça. Alors je monte un site et je crée une formation, on y va, à nous les pépettes ?
– Attends Armand. J’ai trouvé un blogueur qui donne quelques conseils. Tra… Traf… Ah purée, le mauvais nom, j’ai oublié, mais si, tu sais, le grand à lunettes qui a un blog et une chaine YouTube.
– Ah oui, celui qui a un prénom de vieux, comme moi. Oui, il n’est pas top son nom de blog, mais j’aimais bien ce qu’il fait. Et il dit quoi, cet oiseau?
– Il dit que la première étape, la plus importante, c’est d’être bien certain de répondre à un besoin du marché.
– Ah bon ?
– Oui, parce que si tu n’as pas une idée de ce que tu veux vendre, eh bien tu vas créer ton site, ton contenu, tes produits, tout ça pour rien. Des tas d’infopreneurs abandonnent, dégoutés parce qu’ils n’ont pas choisi la bonne thématique, précise Val.
– OK. Bah, avec les jumeaux, on est des super parents, on pourrait créer un blog là-dessus ?
– Non, mon loulou, ce n’est pas ce qu’il dit. Il dit qu’il faut penser produit, là tu penses déjà thématique.
– Ah OK. Alors on pourrait vendre des formations sur comment s’occuper de jumeaux ? Ou attends, j’ai une autre idée. Moi, j’étais un bon chef d’équipe, je pourrais expliquer comment on encadre une équipe dans une usine ? Oh-la-la, j’hésite, comment savoir, interroge Armand.
– Attends, je vais aller voir ce que Traficbidule raconte.
Valérie retourne sur le net, à la recherche d’informations qui pourraient l’aider à bien choisir son idée. Parce qu’elle là-dessus, mieux vaut ne pas se planter.
Et elle va faire une découverte stupéfiante.
Lorsque Valérie comprend que le positionnement est une question bien délicate
Valérie repense à ce qu’Armand lui a dit. Créer un blog sur la gestion d’équipe. Il pourrait y avoir de la demande…
Des gens rêveraient de décrocher ces jobs difficiles, mais mieux payés… On pourrait expliquer de bonnes méthodes d’encadrement d’équipe…
Sauf que… attends.
« Qui va acheter de tels cours ? Des salariés ? Ça m’étonnerait », se dit Valérie. Dans sa banque, aucun des responsables n’irait dépenser son propre argent pour se former au management, pour une raison toute simple : un salarié considère que c’est à son employeur de le former !
D’ailleurs, Armand en est la preuve vivante. Quand c’était si dur avec ces satanées machines allemandes, il a demandé à Gridelle de lui payer une formation, mais jamais il n’aurait sorti son propre argent !
Valérie comprend donc un point clé : non seulement choisir une thématique est fondamental, mais en plus, réfléchir à son public est essentiel.
Si on veut vendre des cours de management sur internet, il faut les orienter vers ceux qui ont le pouvoir et la volonté de les acheter : les chefs d’entreprise. Alors que si vous vous adressez aux cadres, vous risquez le flop.
Valérie retient cette leçon : la thématique compte, mais l’angle d’attaque également.
Armand et elle n’ayant pas vraiment d’expertise très pointue sur ce sujet et cette audience, ils décident de mettre cette idée de côté pour le moment.
Reste l’idée des jumeaux, du blog pour les parents.
Là où nos tourtereaux prennent une décision qui pourrait changer leur vie
Armand et Valérie comprennent alors qu’ils ne sont pas à une semaine près. Ils vont donc réfléchir à leur autre idée, le blog sur la parentalité. Car oui, les jumeaux demandent un certain talent en la matière. Entre les couches, les repas, les bains, c’est une organisation millimétrée.
– Je viens de faire un tour sur les blogs parentalité aux Etats-Unis et en France, il y en a un paquet, s’étonne Armand.
– C’est plutôt bon signe, cela signifie qu’il y a un marché. Il y a surement quelque chose à faire là-dessus. J’ai vu une conférence YouTube avec cette pédiatre, la salle était pleine. Au moins 500 personnes.
– On pourrait faire des formations ou des ebooks avec des conseils pour les parents de jumeaux.
– Surement. Attends, on sonne.
C’est la mère de Nathan, qui vient le récupérer. Un des bouts de chou dont Valérie s’occupe. Pour une fois, sa mère est à l’heure. Valérie a dû avoir une petite conversation avec sa maman. Assistante maternelle, OK, dépanner quand il y a un imprévu, OK, mais venir systématiquement avec 20 minutes de de retard, eh bien, je facture !
Valérie a un talent pour gérer les conversations compliquées avec les parents. Une main de fer dans un gant de velours. D’ailleurs, les parents l’adorent, ils se refilent son contact. Elle a beaucoup de demandes pour garder les enfants, elle doit refuser du monde. Alors que son tarif est plutôt cher.
Comme elle inspire Armand. Il voit bien qu’elle est heureuse depuis qu’elle bosse à son compte. A lui maintenant de réussir. Il a commencé à s’intéresser à la création de contenu. Il a lu « Ecriture, mémoires d’un métier », de Stephen King, et ce livre fut un déclic. Il a tant envie d’écrire, et d’en vivre.
D’ailleurs, il se souvient de cette citation. « Rappelez-vous que Dumbo n’avait pas besoin de la plume pour voler. La magie était déjà en lui. »
Là, Armand a une révélation. Ça y est, il a trouvé, tout devient clair. Il sait ce qui va marcher.
« Allez, reprend ton gamin et file ! », pense-t-il. Il faut qu’il parle tout de suite à Valérie, avant d’oublier cette idée !
Valérie revient vers lui.
Armand lui jette immédiatement :
– J’ai trouvé. Je sais ce qu’on va faire, la réponse était en toi !
– Mais tu débloques, de quoi tu parles ?
– C’est toi, la clé. Ton succès d’assistante maternelle ! Combien de gens autour de nous veulent quitter leur job ? Presque tout le monde ! Tout le monde est gavé par son emploi. Tout le monde veut être maitre de sa destinée, et tu es la clé !
– Redescends un peu, et explique-moi s’il te plait.
– On va monter un blog qui explique comment gagner sa vie en tant qu’assistante maternelle.
– Ah bon ? Mais qu’est-ce qui t’amène à penser que c’est une bonne idée, demande Val.
– Cela me semble plus facile à monétiser que les conseils parentaux purs – même si cela reste possible. Il y a aura moins de concurrence. Surement moins de trafic, mais on va s’adresser à une population motivée, ceux qui aiment les enfants, et qui veulent bosser de chez eux en indépendance.
– Je commence à comprendre, dit Valérie. On peut expliquer aux gens comment décrocher l’agrément administratif, j’ai tellement de conseils à leur donner. On va leur expliquer comment trouver les premiers clients, mettre en place un bouche-à-oreille. Comment gérer les bons et les mauvais côtés du métier…
– …Oui, comme tu viens de le faire avec la mère de Nathan !
– Une formation de ce genre pourrait changer la vie, on pourrait en vendre, c’est certain !
Le soir même, Armand et Val s’offrent un bon restaurant pour célébrer, et marquer d’une pierre blanche le démarrage de leur projet.
Parce que Valérie comprend tout de suite une autre vérité de l’entrepreneuriat. Des idées, tout le monde en a. Même Gridelle en a dix, le matin en se grattant les fesses.
Mais des gens qui s’accrochent, qui concrétisent, qui vont au bout… Il y en a moins.
« Les parleurs, et les faiseurs », comme dit Armand.
Comment le projet avance dans la salle tamisée d’un délicieux restaurant Grec
– Cet Agiorgitiko, quel régal, dit Armand en vidant son verre de rouge.
– Mollo mon grand. J’ai encore besoin que tu sois lucide pour discuter du projet. Et ce n’est que le début de soirée, cowboy…
Ils sont heureux. Ils réalisent à quel point reprendre leur destin en main leur insuffle une énergie nouvelle.
– OK, dit Armand, en essayant de se concentrer.
– On a trouvé une thématique qui semble porteuse. Et maintenant ?
– Demain je crée un blog. Comme Trafctruc… oh décidément je n’y arriverai jamais. Un blog, ce n’est pas si compliqué. WordPress s’installe en deux temps, trois mouvements. Je ferai aussi une chaine YouTube. Et puis, un compte Facebook, une page Insta. Et Pinterest aussi. Y a plein d’influenceurs sur Pinterest.
– Mais tu crois qu’on va réussir à faire autant de choses en même temps ? Ou du moins, les faire bien ? Non, il y a un truc que Traficmachin dit aussi. Il faut savoir par quel canal on va se faire connaitre. Et un ou deux canaux semblent déjà bien assez de travail pour commencer.
– Tu as surement raison. Autant être fort sur un blog, pour commencer. On pourrait aussi appliquer sa stratégie blogging…
– C’est-à-dire ? demande Armand.
– Il recommande créer un premier noyau d’inscrits avant de commencer à publier du contenu. Parce que sinon, personne ne te connaît, donc personne ne te lis. C’est comme un gaspillage d’énergie. Tu publies des contenus que personne ne va voir, c’est ballot.
– C’est étrange cette idée, c’est contre-intuitif. Mais c’est finalement assez logique. Si tu as quelques centaines d’inscrits, tu auras des lecteurs dès ton premier article de blog. Tu crées une dynamique. Et comment penses-tu les récolter, ces inscrits ?
– Avec une bête campagne Facebook, qui présenterait notre guide PDF gratuit. Simple, mais efficace. Pas besoin de réinventer la roue.
Comme leur relation change depuis que le projet s’est installé dans leur vie. Ils se voient maintenant en bâtisseurs. Il y avait leurs deux enfants, qui leur donnaient toute leur énergie chaque matin… Mais les journées de boulot, à l’usine pour Armand, à la banque pour Val, ce n’était que routine. L’impression de servir et donner, au lieu de construire et recevoir. Faire sa tâche, rentrer le soir, et recommencer pendant 45 ans.
Vraiment, les salariés ne savent pas ce qu’ils manquent. A quel point on se sent en maitrise totale, quand on démarre son entreprise. Comme on était qu’un vassal, auparavant.
Val a du mal à trouver le sommeil cette nuit-là.
Elle sent que les choses tournent enfin en leur faveur. Ils ont une idée de thématique qui semble porteuse… Ils ont défini un moyen de se faire connaitre, autant dire que la question générale du marketing est réglée…
Mais ce qui la tracasse ce soir-là, bizarrement, c’est l’avenir. Quel pied de se lancer, mais, et après ? Comment être certaine que ce business sera assez rémunérateur ? Et si ça plante ? Qu’est-ce qu’ils vont devenir ?
Val découvre l’autre facette de l’entrepreneuriat : l’anxiété. Drôle de sensation. D’un côté, le sentiment d’être un dragster au démarrage. Et de l’autre le poids, car reposent sur leurs épaules d’entrepreneur leurs quatre existences.
Il y a encore des sujets à discuter, pense Val. Pendant qu’Armand ronfle son vin rouge et sa grosse assiette de moussaka, elle se saisit de sa tablette, et se plonge dans la lecture de son blogueur marketing favori.
Le sommeil et l’insomnie
Val connait l’insomnie. Ça a commencé quand la direction commerciale de la banque avait demandé à placer des appartements défiscalisés aux retraités. Des programmes immobiliers pas chers, construits dans des zones où la demande locative n’existait pas. Combien de petits vieux ont dû vendre à perte, faute de locataire.
Au moins, ce qui la tient éveillée, ce soir, c’est son projet de blog.
Alors… Comment tenir. Combien espérer gagner.
Tout d’abord, Valérie découvre qu’elle a deux options.
La première : avoir peu de produits, mais être condamnée à renouveler son trafic constamment pour faire des ventes.
C’est ce que fait ce frimeur ridicule, avec ses montres en or et son dropshipping. Val comprend que s’il en fait des caisses avec son style de vie sur YouTube, c’est parce qu’il n’a qu’un seul produit en stock.
Ses voitures, bateaux, villas, cadeaux somptueux n’ont qu’un seul but : ramener un maximum de trafic tout venant, vendre une solution hors de prix (mais toujours présentée comme facile) aux gogos ébahis, et tant pis pour la qualité. Et ensuite, recommencer avec de nouveaux pigeons. Val comprend alors que ces entrepreneurs sont prisonniers de leur modèle. S’il renonce aux vidéos clinquantes, il fait moins de ventes, et il ne peut plus pouvoir payer les prestataires, ni les cadeaux et le train de vie.
« Pff, encore un qui a mis sa boite à Hong-Kong, pensa-t-elle. Je me demande si l’administration fiscale de son pays de résidence est au courant. »
Val n’est pas intéressée par ce modèle. Comment en mettre plein la vue si elle ne fait que conseiller les assistantes maternelles, de toute façon.
Non, ce qu’elle va plutôt chercher à faire, c’est la seconde option. Peut-être avoir moins de trafic, mais fidéliser son audience par le qualitatif, et chercher à faire plusieurs ventes à ses clients. En s’appuyant sur un catalogue de bons produits.
Oui, elle pourrait faire du coaching. Créer une formation qui permet de décrocher l’agrément. Créer une formation qui aide à trouver des clients. Une autre qui montre comment mieux s’occuper des enfants. Tout le volet paiement, gestion administrative. Et pourquoi pas, un pack.
Voyons voir. Un pack comme celui-ci, on pourrait le mettre à 500 euros, peut-être 1000. Après tout, on permet à des gens de créer leur métier, de chez eux… On serait prêt à payer beaucoup pour réussir à changer sa vie.
Plus de 750 000 assistantes maternelles en France. 400 000 agréments chaque année. C’est un métier dans lequel ça tourne beaucoup, il y aurait de la demande pour des formations, se dit-elle.
« Et sur ce marché, Armand et moi sommes quasiment les seuls… Je vois un peu de concurrence ici et là, mais leurs sites et leur marketing sont faiblards… C’est trop informatif, il n’y pas d’histoires vraies, de coups de gueule, d’anecdotes. On pourrait se faire de la place avec notre contenu, se dit-elle.
Si on mettait notre cœur dans les articles de blog, comme le conseille Trafictrucmuche, on pourrait vraiment se différencier… Mettre en avant le changement de vie, l’amour qu’on a pour les enfants, la liberté… mais aussi les parents clients pénibles, les contraires administratifs tatillons… Évidemment, toutes les nounous ne vont pas acheter nos formations. Mais chez ceux qui veulent se lancer, il y a surement moyen. »
Val poursuit son raisonnement :
« Admettons que notre pack coute 500 euros. Et qu’un candidat sur 500 nous l’achète. Et que 1 assistante maternelle en activité sur 1000 nous prenne une formation à 250 euros, chaque année.
Cela ferait 400 000 euros de pack par an… et 175 000 euros de formations… Quoi, presque 600 000 euros de ventes de formations par an ? »
Val a le souffle court. Elle vient de comprendre la puissance de l’effet de levier sur internet. Elle comprend pourquoi des infopreneurs arrivent à se payer de belles maisons, et des vacances de millionnaire.
Elle n’y tient plus, elle réveille Armand :
– Chéri, chéri, écoute…
– Hmmmm
– Allez, s’il te plait, réveille-toi.
– Il est quelle heure ?
– 3 heures.
– Mais ça va pas ?
– J’ai fait les calculs. On a un potentiel de vente de 600 000 euros par an.
– T’as abusé du vin grec.
– Mais regarde. Je te refais le calcul.
– Ecoute, tout ça c’est bien gentil, baille Armand. Mais c’est comme les machines de Gridelle. C’est du théorique. On devait sortir 1000 pièces par jour, on n’a jamais fait mieux que 600.
– Alors quoi, je devrais prendre une marge de sécurité ?
– Oui, tu connais l’expression, dit Armand. Les prévisions sont difficiles, surtout quand elles concernent l’avenir. Diminue tes chiffres de moitié.
– Le potentiel est de 300 000 par an alors ?
– Oui, c’est plus sage de partir là-dessus. D’autant plus que 300 000, c’est quand nous aurons un blog bien établi, de la crédibilité, du trafic, des clients. Le temps de monter le site, d’avoir l’audience et leur confiance, tu peux compter 6 mois, rien que pour les premières ventes.
– Tu as raison.
– J’ai fait le calcul. Avec ce que j’ai gagné aux prud’hommes, le chômage, et tes revenus, on peut se donner facilement 2 ans pour réussir.
– Et si on foire ? Qu’est-ce qu’on va devenir, s’inquiète Val.
– Eh bien j’irais postuler comme chef d’équipe dans une autre usine.
– Donc tout bien calculé, on ne risque pas grand-chose ?
– Si, on risque une chose, ma puce. On risque de le regretter toute notre vie si on ne tente pas l’affaire. Maintenant, on dort. Les gamins vont se mettre à brailler dans 3 heures.
Epilogue
3 ans ont passé.
Les jumeaux ont grandi.
Le blog de Val et Armand s’est bien développé, après une première année pas facile. Mais l’année dernière, ils ont passé les 150 000 euros de chiffre d’affaires, et ils pensent atteindre les 220 000 cette année, avec le lancement de leur chaine YouTube.
Val se consacre désormais à 100% à son business en ligne, avec l’homme de sa vie. Ils ne pourraient pas être plus heureux.
Un midi, alors qu’ils déjeunaient au resto japonais du quartier, Val et Armand ont eu une drôle de surprise. Ils ont vu débarquer Gridelle, et ses trois adjoints.
Armand, bien discrètement, les a observés. Gridelle monopolisait la discussion, comme à chaque fois. Les adjoints l’écoutaient. Ils riaient poliment à chacune de ses blagues vaseuses. Avec la sincérité de ceux qui veulent faire plaisir au chef. Ils avaient tous l’air fatigués.
Satanées machines, se dit Armand. Je les plains, finalement, ces idiots.
Ce qu’il ignorait, c’est qu’entre temps, les équipements allemands avaient été démontés et revendus, pour revenir aux machines précédentes. Les lignes de productions tournaient mieux, mais Gridelle était toujours aussi pénible avec ses subordonnés.
Les quatre salariés avalèrent leur formule midi en 35 minutes chrono, remontèrent dans le Scenic de fonction marron de Gridelle, et retournèrent servir leur maitre.
Armand et Valérie prirent leur temps de savourer leur dessert à la carte.
Il faisait beau. Les enfants ne finissaient l’école qu’à 17 heures. Alors ils se dirigèrent vers le port de plaisance de Poissy, louèrent un bateau, et naviguèrent au soleil le reste de la journée, pendant que des clients achetaient des formations sur leur site.
« Note finale d’André: j’espère que ce petit conte vous servira. J’en suis à peu près certain. Mais je me demande autre chose: l’avez-vous aimé? Merci de partager votre avis dans les commentaires, j’ai besoin de se savoir ce que vous en pensez.«
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